À l'assaut du palais d'Etoudi, chronique d'une élection déroutante _ Partie 1

L'ambiance, un jeu de dupe

Dans moins de 3mois, en octobre 2018 auront lieu les élections présidentielles camerounaises. Tout porte à croire qu’elles ne ressembleront en rien aux précédentes joutes.

Une dizaine de candidats déclarés vont challenger le phénix Paul BIYA, candidat à sa propre succession. L’octogénaire qui fête ses 36 ans de règne côtoie le Palais de l’Unité depuis les années 60 avec les fonctions de chargé de mission, secrétaire général de la présidence, premier ministre puis l’ultime échelon de Président de la République.

Comme partout en Afrique, les querelles de bas étage, loin des préoccupations du peuple et les intérêts crypto-personnels des partis d’opposition font les choux gras du pouvoir et l’aide à se pérenniser, se perpétuer, s’éterniser. Fin stratège, le père a toujours su en profiter pour mieux maitriser le jeu et déployer la puissante machine électorale du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais) aux coins les plus reculés du pays, jusque-là ou ses plus robustes TOYOTA peinent pourtant à accéder faute de routes praticables.

Très peu présent physiquement sur la scène politique camerounaise, Paul BIYA remplit le vide de sa gouvernance par le mystère autour de sa personne, sujette à toutes les légendes et interprétations populaires ; plus on le sent usé, dépassé ou même mort parfois, mieux il s’impose et surprend.

L’opération épervier fut et demeure (puisque de nouveau mise en branle) une parfaite illustration de son espièglerie. Officiellement sensé lutter contre la corruption, le « vorace rapace » a emporté avec lui des corrompus certes, mais aussi un grand nombre de victimes dont le seul crime a été de ronchonner contre le chef et sa politique. Pour ceux qui restent, ils savent que l’« épervier » est une épée de Damoclès qui leur séparera net les deux hémisphères au moindre faux pas, au moindre chancellement. C’est par ailleurs le même concept avec les mêmes objectifs officiels et officieux qu’on retrouve au Gabon avec l’opération Mamba ou au Sénégal avec la CREI.

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Idriss Maham

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