Tshisekedi et Kamerhe Lâchent l'Accord de Genève et Déçoivent l'Afrique en Quête de Changement!

Bon sang ne saurait mentir !

Les chiens ne font jamais des chats, pas encore en tout cas !

Félix Tshisekedi dit ceci hier :

« Je suis démocrate avant tout, je m’incline. Je sais que ça va être très dur pour la base de l’UDPS, mais nous avons accepté ce jeu de la désignation du candidat commun, nous devons le jouer jusqu’au bout. » 

Il ajoute :

« C’est important que l’opposition ait un candidat commun. C’était important. Tout le monde le sait, tactiquement c’était la meilleure chose à faire. Maintenant, nous l’avons fait, nous espérons que ces élections auront lieu et que nous réussirons à les gagner. En tout cas nous ferons tout pour ».

Et ce matin (12 novembre 2018), il se dédit et se retire de l’accord de Genève comme un lâche (qualificatif commun chez la majorité des politicards de métier en Afrique) sous la supposée pression de sa base militante, qui manifestement est tout aussi lâche que son leader ; car si la lâcheté reste le manque de courage devant le danger, elle est aussi le désir mesquin d’œuvrer dans la platitude, de renier ses engagements en tout temps. Dans ses meetings et ses sorties, le candidat Felix Tishekedi n’a de cesse prêcher pour une candidature unique de l’opposition ; sans doute pensait-il être l’ÉLU, le meilleur.

Le malheur ne venant jamais seul il entraine avec lui un autre ténor signataire en la personne de Vital Kamerhe. L’ancien président de l’Assemblée nationale, sous la contrainte de son parti l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), se rebiffe également et jette l’éponge.

Les 4 autres partis (dont 2 sont exclus de la course présidentielle) réitèrent leur soutien à Martin Fayulu sorti vainqueur du vote ; jusqu’à quand cela va-t-il durer, suspens !

Les leaders politiques africains nous ont tellement habitués à des atermoiements quand il s’agit de céder le pouvoir, qu’il est presque « malaisant » de les voir subitement se souvenir, se plier et vouloir respecter la volonté du peuple et de leur base politique.

Cette rencontre entre vieux routiers de la politique, chefs rebelles, mercenaires et repris de justice n’est certainement pas sans défaut, loin de là ! La question même de la durée de ce qu’ils ont appelé de « longues tractations » laisse supposer que les Politicards se sont plus attelés sur le partage des postes que sur les stratégies pour déboulonner le clan Kabila et réorganiser le pays.

Tout compte fait, cette rencontre était (devait être) symbolique et porteuse d’espoir d’autant plus que c’est l’Afrique, à travers la fondation Kofi Annan qui en était la médiatrice.

Par ailleurs, dans un contexte où les conséquences désastreuses de la désunion de l’opposition camerounaise pouvaient servir d’exemple frais et réel, il était attendu que l’accord de Genève enclenche la dynamique autour d’une seule et unique candidature de l’opposition dans un pays qui n’a jamais connu de transition pacifique depuis les indépendances.

Il faut enfin dire que trouver un candidat unique pour l’opposition n’était pas la garantie d’une victoire face au dauphin de Kabila Emanuel Ramazani, mais certainement une étape « clé de voute » qui y mène.

Dans une RDC incapable de financer l’organisation de ses élections depuis son indépendance sans mendier les fonds de l’Union européenne, il y’a même à se poser la question de la nécessité de ce semblant cirque électoral avec son lot de crises à venir…

À y voir de près, la naïveté enrobée d’afro-optimisme nous emmène à croire qu’UN SURSAUT est à ESPÉRER et que demain l’Afrique pourrait s’unir au sein des États et entre les États, mais la réalité nous rattrape et nous tacle par derrière, parfois avec violence.

Tishekedi Felix est le fils de Tishekedi Étienne proche collaborateur du dictateur sanguinaire Mobutu et au cœur de son système d’exaction et de répression ; mieux il serait directement impliqué dans l’assassinat du leader panafricain bien aimé PATRICE LUMUMBA. Ce CV impudent ne peut en effet inspirer de bonnes pratiques du pouvoir, mais pourtant le peuple amnésique crie à leur gloire !

Quant au Président actuel dont le mandat est expiré depuis 2016 (hilarant !), il est le fils de Laurent-Désiré Kabila, un guérilléro que le RESPECTÉ Che Guevara lui-même a sèchement qualifié de contrebandier loin des motivations d’un vrai rebelle du peuple. Il finira par renverser Mobutu et se faire remplacer par son fils après son assassinat en 2001.

En Afrique, à quelques petites exceptions près, le pouvoir est l’apanage des fils de dignitaires. Au mieux ils se succèdent de père en fils, au pire ils se le passent entre fils de dignitaires au prix de la guerre et du sang d’innocents. Sous l’arbitrage et la bénédiction des intérêts étrangers, la paix et la prospérité des peuples restent le dernier souci, seuls comptent les contrats miniers et pétroliers, la sécurisation du butin et le profit.

C’est ainsi que juste à côté de la RDC, dans le très respectable KENYA, à l’Est on retrouve Uhuru Kenyatta Président fils d’ancien président (Jomo Kenyatta, héros pour certains, despotes pour d’autres). Son opposant principal Raila Odinga est aussi fils du dignitaire Jaramogi Odinga ancien vice-président du Père d’Uhuru; ironie du sort, les deux papas de ces enfants gâtés étaient également devenus de farouches opposants ; les fils ont ainsi le mérite de poursuivre les délires et passions du pouvoir de leurs papas en versant le sang de milliers de Kenyans dans des échauffourées et des répressions armées. Tel père, tel fils !

Plus bas à l’Ouest, nous avons la famille Bongo, dont le fils a échappé à une mort certaine si son AVC l’avait frappé dans son pays mal loti en infrastructures de santé.  Son opposant principal n’est personne d’autre que son ancien beau-frère. Une affaire de famille encore !

Un peu plus haut toujours à l’Ouest, il y’a le Togo devenu la propriété familiale de Gnassingbé Ayadema, qui après sa mort (survenu lors d’une évacuation vers la France pour des soins qu’il était incapable de recevoir dans son propre pays) se fait remplacer par son fils Faure, dans le mépris total de la constitution du pays.

On peut égrener ainsi un chapelet de dignitaires qui ont fait de leur pays une propriété familiale. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, dans la majorité des pays d’Afrique, règne le diktat des dignitaires assoiffés de sang et qui n’ont pour légitimité autre que d’être « fils de ».

Malheureusement, la jeunesse panafricaine censée les bouter s’est déjà trompée de combat ! Il suffirait au plus despote des chefs d’État africain de dire « mort à l’occident » pour que cette jeunesse lui couronne ROI DES PANAFRICAINS ; que nenni ! La fausse bonne hypothèse de départ étant que l’occident est responsable de tous nos maux et que nous sommes ainsi de simples victimes.

Il faut avoir le courage de distinguer clairement sa lâcheté et son irresponsabilité d’une part, une fois dénouées, attaquer et pointer du doigt la responsabilité des autres.

Le potentiel insurrectionnel pour un balayage de ces dignitaires ne sera jamais atteint, car le plafond de verre de ce combat est un alliage blindé de trois maux : (1) la méconnaissance de son histoire d’avant la colonisation (2) la formation universitaire qui est l’institution par excellence de la pensée post-coloniale par la formation d’une élite-robot, d’une élite-encyclopédie, éternelle consommatrice et véhicule de la pensée des « AUTRES » et enfin (3) l’émotion nègre fondée sur le fait divers, la superstition et le « détail ».

Idriss Maham

Québec, le 12 novembre 2018

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