À Felwine, nous sommes reconnaissants !

Reconnaissance éternelle à mon grand frère Felwine Sarr, qui aux premières heures de la dictature a pris position. En effet, il est extrêmement facile de faire des analyses post-évènements. Ce qui est difficile dans la vie c'est de prendre position avant les évènements ou pendant les évènements quand le brouillard s'épaissit, quand le brouhaha fracasse les décibels. C'est là que réside la difficulté de choisir son camp, sa famille.

Felwine, en historien pouvait attendre que les choses se tassent, écrire un livre, faire de minables et hypocrites chroniques du médecin après la mort en jouant la petite gazelle pudique distribuant équitablement les responsabilités entre pouvoir et opposition. Les petits esprits aux cerveaux atrophiés se sont offusqués qu'il ne tire presque jamais sur Sonko et les opposants.

Non, en intellectuel courageux et fécond il a plutôt compris le principe suivant : celui qui détient la force de l'État détient la responsabilité totale et donc a chargé sans ménagement l'ami de Denis Sassou Nguesso, notre nouveau dictateur en herbe qui a délibérément piétiné sur le seul trésor du Sénégal : sa démocratie légendaire.

Professeur titulaire des Universités et agrégé en économie, philosophe, musicien, éditeur, libraire, Felwine s'est toujours évertué avec son acolyte Achille Mbembé à rouvrir le champ des possibles et dessiner une utopie africaine. Le théoricien de l'Afrotopie décrivait ainsi notre démocratie avant que la pègre de Dakar ne chie dessus :

"Fille d’une longue et lente construction faite de soubresauts, d’épreuves et de luttes, les beaux jours de la démocratie sénégalaise, dans sa réalité substantielle, auront vécu. Pas qu’elle fût sans défaut ; elle avait ses limites et ses dimensions à parfaire, mais l’essentiel était préservé, c’est-à-dire, le refus de l’arbitraire le plus absolu et la possibilité pour les citoyennes et citoyens de coconstruire le destin collectif de la nation. L’horizon demeurait ouvert avec ses chantiers en perspective. Nous allions aux urnes, votions en paix et choisissions nos représentants."

Reconnaissance éternelle à tous ceux et celles, qui de par leurs positions élevées et tout ce qu'ils ont à y perdre en ouvrant leur gueule, l'ont quand même ouvert et ont tout de même donné leur avis. La vie est très courte pour qu'un billet de banque, un bout de terre, un p'tit privilège vous cloue le bec...

Retour à l'accueil