À l'assaut du palais d'Etoudi, chronique d'une élection déroutante _ Partie 2

De sérieux challengeurs sur le ring

Le légendaire rival du Père BIYA, le « chairman » Ni Jonh Fru Ndi du Social Democratic Front (SDF) a passé le flambeau à une jeune étoile montante du parti : Joshua Osih. Dans un pays bilingue où la gérontocratie lasse, avoir la cinquantaine et être parfaitement bilingue est un atout. En outre venir du milieu des affaires met en exergue un certain leadership et une certaine réussite « self-made man » loin de la « mangeoire » d’Etoudi.

L’ancien bâtonnier, fondateur de la branche camerounaise de Transparency International est aussi de la partie avec son mouvement « NOW ! ». À 65ans, Maitre Akere Muna semble bénéficier d’une aura sur le plan international avec un bon carnet d’adresses et il incarne également aux yeux de tous, les valeurs de « transparency » sans jeu de mots.

Dans ce même registre, le leader du MRC (Mouvement de la Renaissance du Cameroun), Moise Kamto alias Maurika, est aussi un praticien du droit, professeur distingué et respecté par ses pairs, ancien président de la commission onusienne du droit international. Cet agrégé de droit équilibre avec Akeré Muna et ne manque pas d’ambitions pour le Cameroun depuis sa sortie du gouvernement.

Parmi les valeureux challengers du Père Biya, il y’a également un candidat qui peut changer la donne : le célèbre journaliste analyste politique et non moins juriste à Yaoundé II : Cabral Libii.  En lançant l’opération 11 millions d’inscrits, Cabral avait clairement priorisé sa stratégie, d’abord les listes électorales à l’imminence de 4 scrutins d’enjeu national, ensuite les primaires de l’opposition pour un front commun contre le RDPC, puis l’assaut final vers Étoudi. Une démarche salutaire qui a suscité un véritable engouement chez les jeunes camerounais, mais son rêve est loin d’être réalisé ; Cabral, que les détracteurs appellent candidat des réseaux sociaux, s’impose déjà comme nouvelle figure du paysage politique camerounais et compte bien dynamiter le jeu.

Ces candidats nommés ne sont pas les seuls, de l’extrême Nord au Sud passant par le Centre, de l’Est à l’Ouest, ils sont plus d’une dizaine à vouloir pour certains rempiler, pour d’autres s’essayer.  Sans manque de respect à leur endroit, ils semblent appartenir pour la plupart, pas tous, à un décor bien familier et classique des élections africaines : l’angle mort du multipartisme dont se sert les pouvoirs pour thématiser, régionaliser et ethniciser les votes en plus de rajouter un flou total au scrutin par la multiplicité des candidats.

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Idriss Maham

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